Depuis la généralisation du télétravail et l'évolution des attentes des collaborateurs, de nombreuses entreprises prennent conscience d’un paradoxe : leurs sièges sociaux, conçus pour un monde d’avant, sont souvent sous-utilisés, mal agencés ou énergivores. Salles de réunion vides, étages déserts les vendredis, open spaces surdimensionnés… Ces lieux qui symbolisaient autrefois le cœur battant d’une organisation peinent à remplir leur promesse d’un lieu de collaboration et d’innovation.
Cette inadéquation n’est pas qu’un détail d’ergonomie. Elle a un coût réel, économique et humain. En France, selon une étude IFOP de 2024, 62 % des salariés jugent que leurs bureaux ne sont pas adaptés à leurs modes de travail. Et dans les grandes métropoles, le m² inutilisé pèse lourd dans les charges des entreprises comme dans leur bilan carbone.
Face à ce défi, une réponse émerge : mesurer pour mieux agir. Et c’est précisément ce que permet la donnée d’occupation. Grâce à des capteurs intelligents (tapis de comptage, capteurs de présence, systèmes de mesure anonymisés), il devient possible d’avoir une vision claire et continue de l’utilisation réelle des espaces : quand sont-ils utilisés ? Par combien de personnes ? À quels moments ? Quelle zone reste inoccupée ?
Cette approche offre plusieurs avantages :
C’est un changement de paradigme : on passe d’une vision figée de l’espace à une approche dynamique et évolutive du bureau.
Avec plus de 250 000 m² répartis sur 15 bâtiments à Saint-Denis, le siège de la SNCF accueille chaque jour près de 18 000 collaborateurs. Un véritable campus tertiaire, dont la transformation vers des environnements plus flexibles et performants est pilotée par Jean-Philippe Marel, Directeur Pôle Environnement de travail à la SNCF.
« Nous avons abandonné le modèle classique de bureaux fermés pour passer à un flex office axé sur la convivialité : plus de box, plus de lieux d’échanges, moins de postes attitrés. »
Mais pour transformer efficacement, encore faut-il bien connaître les usages. La donnée d’occupation est rapidement devenue un outil stratégique.
« Nos objectifs étaient clairs : garantir le confort, éviter les investissements inutiles et optimiser nos surfaces. Grâce aux capteurs, on a pu vérifier que 6 postes pour 10 collaborateurs suffisaient. »
Le déploiement de capteurs 3D stéréoscopiques de Technis sur les ailes des bâtiments a permis de mesurer les flux en temps réel, d’identifier les espaces sous-utilisés et d’éviter des aménagements inutiles.
« Une entité a pu réduire son empreinte immobilière. Résultat : Des dizaines de milliers d'euros de travaux évités. »
La solution installée, proposée par Technis, s’est distinguée par sa précision et son accompagnement.
« Le système proposé par Technis était le plus précis et le plus complet. On a lancé un POC, très bien accompagné par Ghislain, et depuis deux ans, tout est fluide : planning respecté, rapports automatiques, support réactif. »
Autre bénéfice inattendu : la sécurité. En cas d’intrusion, les données collectées par les capteurs ont permis de reconstituer le parcours des cambrioleurs, identifiant deux failles de sûreté corrigées immédiatement.
Pour Jean-Philippe Marel, la vision est claire :
« Nous ne sommes pas dans une transformation esthétique des espaces, mais dans une logique de rationalisation guidée par les données. Le vendredi, on coupe chauffage, clim et éclairage sur 50 % des espaces. La donnée est un vrai outil d’aide à la décision. »
La donnée d’occupation ne se limite pas à une logique de réduction de coûts. Elle est aussi un outil stratégique pour aligner immobilier, RSE et marque employeur. Car au fond, ce que les collaborateurs recherchent, ce ne sont pas des m² en plus, mais des espaces qui ont du sens.
Des espaces lumineux, accessibles, adaptés à leurs besoins réels (concentration, collaboration, détente), et qui incarnent les valeurs de l’entreprise : c’est cela qui rend un siège social attractif. Dans un contexte de guerre des talents, le bureau redevient un atout de différenciation – à condition qu’il soit bien conçu.
Et cela ne peut se faire qu’en s’appuyant sur des données tangibles, en continu, pour piloter, ajuster et anticiper. Car la vraie innovation, ce n’est pas d’installer une table de ping-pong ou des plantes vertes, mais de créer un environnement de travail réellement aligné avec les usages et les attentes.
Réinventer les sièges sociaux ne signifie pas forcément déménager ou tout raser. Cela commence souvent par mieux écouter l’usage, en s’appuyant sur la donnée. C’est une démarche progressive, pragmatique, mais à fort impact.
La technologie n’est ici qu’un outil. Le véritable moteur du changement, c’est la volonté de construire des lieux plus intelligents, plus durables et plus humains. Et c’est peut-être, au fond, ce dont nos organisations ont le plus besoin aujourd’hui.
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